Exposition Traversées,
Centre d'Art contemporain du Luxembourg belge (CACLB), Buzenol-Montauban, avec le Musée Gaumais, Virton, Belgique, 2022.
Installation solo au 1er étage du CACLB.
FROM TO, 2022.
Installation de 9 lés de lin ajourés
245 x 150 cm déployés sur 12 m de large.
Neuf Sacs, 2015.
Verre + pigments. Voir détails.
Huit plaques de plâtre, 2022.
40 cm de côtés x 10-12 cm d'épaisseur.
Impressions sur papier photo.
Formats divers.
Moules en plâtre-résine et lit d'embuscade empruntés au Musée Gaumais.
L'installation de panneaux en lin ajouré FROM TO est une invitation à traverser la frontière. Ou plutôt, les frontières. C'est avec mes ciseaux que j'ai dessiné les frontières française et luxembourgeoise actuelles qui bordent la Gaume et la Lorraine, mais aussi celles, plus anciennes, qui ont remodelé à plusieurs reprises les contours de la région, située au cœur d'une histoire mouvementée. Les noms de villes sont remplacés par les désignations « Here », « There », « Somewhere », « Elsewhere », etc. Ce faisant, j'invite également à interroger ce qui se joue autour de la frontière, considérée autant comme lieu de passage et d'échange que lieu de fermeture et de souffrance. Que veut notamment dire être d'ici ou de là ? De tous temps, la région a été traversée, de manière pacifique ou non, par des déplacements de personnes.
Déposés au sol près d'un lit d'embuscade*, des sacs en verre, dans lesquels semblent subsister des traces de souvenirs, rappellent qu'en effet, des personnes munies seulement d'un sac sont venues, et viennent encore, chercher refuge d'un côté ou de l'autre de cette même frontière où l'on a pu échanger vin et tabac à la barbe des douaniers.
Également disposées au sol, huit plaques de plâtre épaisses présentent les traces, taillées en creux, de mains aperçues aussi bien au Musée lapidaire qu'au Musée Gaumais, et qui synthétisent à mes yeux tous ces apports extérieurs qui ont contribué à transformer, enrichir et complexifier ce qui fait l'essence même de la Belgique.
Par ailleurs, des moules provenant des réserves du Musée Gaumais témoignent de pierres sculptées gallo-romaines ayant eu plusieurs raisons d'être, d'abord décoratives, puis défensives et enfin muséales, et dont on peut admirer les bas-reliefs (originaux et copies) au Musée lapidaire et sur le site fortifié, à proximité du CACLB.
* Fin 19e/début 20e, le lit d'embuscade — entièrement pliable pour être plus facilement transportable — servait la nuit aux douaniers belges et français pour guetter les fraudeurs qui franchissaient illégalement la frontière. Celui-ci provient des réserves du Musée Gaumais.